On commence par le mode d’emploi :
Pour regarder les trucs du BBC iPlayer, il faut être localisé·e au Royaume-Uni, ce qui n’est pas pratique. Pour contourner cela, moi j’utilise un VPN, CyberGhost pour le nommer – mais bon je suis même pas sponso, encore une opportunité manquée – qui me permet aussi de rewatch Sex and the city pour la 18e fois sur le Netflix américain mais 🤫 ce n’est pas très légal je pense. Ensuite vous créez votre compte sur la BBC (gratuit), vous dites que oui oui vous avez une TV license et voilà 🪄 en plus il y a des sous-titres 🇬🇧
L’autre solution, c’est de trouver un lien de streaming sauvage. Je ne vais pas en poster ici mais ça existe.
Alors qu’est-ce qu’on regarde ? L’émission, présentée par Danii Minogue, s’appelle I Kissed a girl mais n’a rien à voir avec l’aventure hétérocurieuse de Katy Perry. C’est une télé-réalité de dating qui surpasse tout ce qu’a produit la télé-réalité lesboqueer des années 2020, du cauchemardesque The Ultimatum (« On se marie ou je te quitte » 0_o non mais ça va pas bien) au décevant Tampa Baes (juste une lutte d’egos et de pouvoir alors qu’on venait pour le dramagouine) en passant par la lassante Princess Charming (la barrière de la langue tsais.) Les vétéranes comme moi auront peut-être une pensée pour l’amusante NeXt circa. 2007 – 2008 ou la très trash Tila Tequila, célib et bie qui est d’ailleurs devenue néo-nazie.
Dans I Kissed a girl, le principe est aussi simple qu’efficace : les candidates arrivent par paire soigneusement préselectionnées pour se correspondre. Avant toute chose, c’est-à-dire avant même de se dire bonjour, les deux candidates doivent s’embrasser. Elles rejoignent ensuite les autres « couples » dans une magnifique villa italienne, évidemment. Comme dans tous les dating shows, il y a régulièrement éliminations et nouvelles candidates surprises.
Cette bonne vieille recette fonctionne particulièrement bien ici, et ce je pense grâce à quelques éléments très lesbiens :
- évidemment, le potentiel de dramas décuplé par rapport aux émissions hétéros, vu que tout le monde peut se pécho ;
- l’atmosphère bienveillante : on dirait ça fait hyper cucu – planplan mais pas du tout !! Par exemple, il n’y a pas de « villain » désigné par la prod qu’on doit unanimement détester ;
- le trop-plein de communication inhérent aux lesbiennes, autant pour le gossip que pour le partage de ses émotions (bien pour la télé, pénible dans la réalité hum)
- l’autodérision et le charisme des candidates qui répondent parfois à des archétypes adorables : la lesbienne labrador au cœur d’artichaut, la footballeuse à la voix d’or, la baby gay qui se sent illégitime alors qu’elle n’a aucune raison de l’être, la stud un peu trop joueuse au sourire à tomber, la BCBG bien cool bien gouine, la cracheuse de feu (?! ?!)
- elles sont TROP CONTENTES d’être là et ça se voit.
C’est sûr que l’émission pourrait faire mieux en terme de diversité, en tous cas ce n’est pas dans les deux premiers épisodes qu’on s’éloigne des normes cis, minces et valides. La télé-réalité a toujours du mal à montrer la réalité de nos communautés. On peut le regretter, d’autant que la série s’efforce de montrer le plus d’authenticité possible.
Ainsi, tout à coup, dans l’épisode 2, il y a un moment pépite. L’une des candidates raconte sa difficulté avec le mot lesbienne, elle préfère dire gay ou queer. S’ensuit une discussion sur la raison pour laquelle le L de lesbienne est le premier de l’acronyme LGBTQ : c’est pour saluer le rôle fondamental des lesbiennes au début de l’épidémie du sida. Bouleversée, la candidate fond en larmes. C’est un moment très émouvant complètement inattendu qui m’a cueillie comme un coucou de mai. Une petite leçon d’histoire et de fierté. En vrai, c’est de la grande télé-réalité, j’espère que ça va durer.