Retour sur quelques films vus au joli Festival International du Film Indépendant de Bordeaux.
Amelia Starlight de Laura Thomassaint
Esthétiquement superbe, ce court-métrage est à voir pour le couple Antonia Buresi / Mathilde Forget et la mélanclopie ravageuse d’Emmanuelle Béart. Un point bonus pour la délicieuse référence à Catherine Lara, puisque l’émission d’Antonia Buresi s’appelle Nuit Magique.
Flow de Gints Zilbalodis
C’est un film d’animation dont le héros est un chat noir qui doit trouver une solution lorsque l’endroit où il vit est inondé. Un film fort peu lesbien me direz-vous, mais qui ne parle finalement que de famille choisie bigarrée et du pouvoir de l’amitié. L’absence de paroles et l’animation subtile rendent le tout assez sublime.
Sortie en salles le 30 octobre 2024.
Revenge (2018) et The Substance (2024) de Coralie Fargeat, Animale d’Emma Benestan (2024) : le film de genre pour raconter les ravages de l’hétéropatriarcat
Le premier film de Coralie Fargeat, Revenge, et celui d’Emma Benestan, Animale, se font écho dans le genre rape & revenge moderne et donnent pareillement envie de tout casser (surtout le crâne des violeurs.) Dans Revenge, on suit la quête dans le désert d’une Furiosa démente qui veut se venger des atrocités que lui ont fait subir trois connards. Un must-see pour les amateurices de body horror, de bains de sang et de tatouages étonnants. C’est difficile de parler d’Animale sans rien spoiler, alors disons juste qu’Oulaya Amamra y est magnétique et qu’on peut toujours compter sur son meilleur ami gay. Quant à The Substance, le nouveau Coralie Fargeat qui explose le box office aux Etats-Unis, c’était probablement LA séance événement du FIFIB : la salle géante de 500 places était remplie à ras bord, ce qui tombe bien car ce genre de film se savoure avec un public réactif. Ça parle de la haine de soi que les femmes ressentent quand elles vieillissent. Demi Moore porte le film, elle le soulève même, et Margaret Qualley n’est pas mal non plus. Voilà Dorian Gray dépoussiéré par du body horror qui ne s’embarrasse d’aucune subtilité. C’est génial.
Sortie en salles de The Substance le 6 novembre.
Sortie en salles d’Animale le 27 novembre.
Peaches goes bananas de Marie Losier
Un documentaire un peu mid sur une icône queer et punk adorée. Bonne vibes néanmoins.
Pas de date de sortie en salles encore.
Diamant Brut de Agathe Riedinger
Un premier film sur une jeune femme qui passe un casting de télé-réalité. Rien de très lesbien si ce n’est l’héroïne qui s’appelle Liane (de) Pougy comme la demi-mondaine de la Belle Epoque qui fut l’amoureuse de Natalie Clifford Barney. Dans le film, je suis quasiment sûre que Liane est ace. Digne héritier d’Une Fille facile, Diamant brut suit la même route pleine de finesse et d’intelligence que le film de Rebecca Zlotowski.
Sortie en salles le 20 novembre.
Les Reines du drame d’Alexis Langlois
Que dire si ce n’est qu’on tient haut la main le film lesbien de l’année ? Love Lies Bleeding était un sérieux concurrent mais ne contient pas de moment où les Spice Girls rencontrent Monique Wittig sur fond de modern jazz. C’est tout simplement le film transpédégouine le plus camp de l’histoire du cinéma français. Une merveilleuse comédie musicale qui ne s’excuse pas d’être complètement queer, hystérique, adolescente et exubérante. Je sais qu’on n’a plus le droit depuis des années d’écrire le mot “jubilatoire” dans les critiques ciné, mais comment décrire le plaisir devant toutes ces petites références queer glissées partout ? Un seul exemple : un magasin de déguisements s’appelle masque for masque. MASQUE FOR MASQUE !! C’est du génie. Et je ne parlerai pas de la chanson du fist pour ne pas spoiler, mais quel bonheur de savoir que le film va laisser sur le bord de la route plein d’hétéros chiants. Les tubes, les acteurices, l’intensité : tout ça fait des Reines du drame un film déjà culte dont on reparlera longtemps. Et merci au FIFIB de m’avoir permis de le voir dans une grande salle entourée de queers, c’était gavé beau.
Sortie en salles le 27 novembre.
🎵 Pas touche pas touche
Si tu veux ma bouche
Prends d’abord mon cœur 🎶
