Attention 🥵 livre très sexy du cerveau 🔞 Ce n’est pourtant pas un livre érotique à proprement parler, mais Selby Wynn Schwartz écrit comme on danse, une danse très très belle, alors parfois oui c’est sensuel. Un livre à sensations physiques – enfin moi j’ai rougi.

C’est difficile d’en faire un pitch parce que, comme d’habitude, les lesbiennes chamboulent tout, les idées comme la forme. Essayons : l’autrice peint un immense Chart transgénérationnel qui relit Natalie Barney, Renée Vivien, Sarah Bernhardt, Colette, Woolf, Isadora Duncan…parmi d’autres. Des écrivaines, des actrices, des danseuses, des féministes, des zbeuleuses, des héritières et des prolétaires, des connues et des moins connues. C’est à la fois une somme biographique de pleins de lesbiennes et un tissage poétique des liens entre elles.

L’autrice aime la langue plus que tout, ça se voit, on sent la lesbienne-hypokhâgne qui se balade vers la BU avec son Bailly sous le bras pour traduire des vers de Sappho pour son amante. Grâce aux talents combinés de Selby Wynn Schwartz et de sa traductrice française 👑 Hélène Cohen 👑 on vibre pour des vers fragmentaires en grec ancien et pour des lettres incendiaires en italien de la fin du 19e.
C’est un livre qui donne de la force non pas parce qu’il nous fait un cours d’histoire sur des femmes incroyables et précurseuses, mais parce qu’il crée une généalogie émouvante qui nous inclut : le narrateur (?) est un choeur qui parle avec le pronom « nous » et il nous enjoint de s’échapper de l’hétérosexualité en grimpant aux arbres en passant la bibliothèque. En plus, ça parle des dangers que rencontrent les dames à bicyclette, alors ça me touche. Le seul reproche : où sont les lesbiennes extra-européennes ?

Après Sappho, Selby Wynn Schwartz, traduit de l’anglais par Hélène Cohen, collection L’Imaginaire de Gallimard. Sortie le 21 novembre 2024.