A quel point Cannes 2025 sera-t-il gouin ? La Palme d’or peut-elle être lesbienne cette année ? Quels sont les films qui envoient des signaux sapphiques ? Où sont les réalisatrices lesbiennes, les actrices queer et vice-versa dans les sélections officielles et parallèles ? Voici une sélection de dix films à fort potentiel.
1. La Petite Dernière, Hafsia Herzi. Compétition officielle.
Évènement lesbien de la rentrée littéraire 2020, le roman La Petite Dernière de Fatima Daas vient d’être adapté en long métrage par la réalisatrice et actrice Hafsia Herzi. L’héroïne, Fatima, sera incarnée par une nouvelle venue dans le cinéma : Nadia Melliti. A propos du roman, au-delà du traitement médiatique assez déplorable réservé à la primo-autrice à l’époque par la presse française, on se souvient surtout d’un récit introspectif et mélancolique porté par une langue très poétique et durassienne. Comment Herzi va-t-elle adapter un texte si littéraire ? La confiance est grande, l’attente aussi. En compétition officielle pour la palme d’or.

Synopsis officiel : Fatima, 17 ans, est la petite dernière. Elle vit en banlieue avec ses sœurs, dans une famille joyeuse et aimante. Bonne élève, elle intègre une fac de philosophie à Paris et découvre un tout nouveau monde. Alors que débute sa vie de jeune femme, elle s’émancipe de sa famille et ses traditions. Fatima se met alors à questionner son identité. Comment concilier sa foi avec ses désirs naissants ?
Avec Nadia Melliti, Park Ji-Min, Amina Ben Mohamed… 1h46. Sortie le 1er octobre 2025.
2. Des Preuves d’amour, Alice Douard. Semaine de la critique.
Inspiré de la vie de la réalisatrice et de sa productrice, Des preuves d’amour semble être la version longue du court-métrage L’Attente. En 2024, il avait reçu le César du meilleur court métrage de fiction et fut l’occasion du premier baiser lesbien ever de la cérémonie (scène bien évidemment coupée par Canal+.) Dans Des preuves d’amour, le couple est incarné par Ella Rumpf et Monia Chokri, deux actrices adorées qui promettent une belle alchimie. La romcom de daronnes lesbiennes qui nous manquait ?

Synopsis officiel : Céline attend l’arrivée de son premier enfant. Mais elle n’est pas enceinte. Dans trois mois, c’est Nadia, sa femme, qui donnera naissance à leur fille. Sous le regard de ses amis, de sa mère, et aux yeux de la loi, elle cherche sa place et sa légitimité.

Avec Ella Rumpf, Monia Chokri, Noémie Lvovsky… 1h37. Projeté le 8 juin 2025 à la Cinémathèque Française dans le cadre de la reprise de la Semaine de la critique à Paris.
3. The Chronology of Water, Kristen Stewart. Un certain regard.
Un mariage, la réalisation d’un premier long métrage et une sélection cannoise ! On peut dire que 2025 est une bonne année pour Kristen Stewart. Elle a choisi d’adapter les mémoires très crues et bisexuelles de Lidia Yuknavitch, qui explorent la manière dont le traumatisme peut se transformer en art. Si c’est son premier long métrage, Kristen a déjà réalisé un court métrage, Come Swim, et plusieurs clips dont the film pour Boygenius.
Synopsis officiel : Ayant grandi dans un environnement ravagé par la violence et l’alcool, Lidia, une jeune femme, peine à trouver sa voie. Elle parvient à fuir sa famille et entre à l’université, où elle trouve refuge dans la littérature. Peu à peu, les mots lui offrent une liberté inattendue…

Avec Imogen Poots, Thora Birch, Tom Sturridge, Kim Gordon… 1h30
4. Love Me Tender, Anna Cazenave Cambet. Un certain regard.
Autre adaptation toujours dans Un Certain regard : celle du deuxième roman autofictif de Constance Debré, Love me tender. Après Playboy et avant Nom, le livre racontait la tentative de l’héroïne de garder la garde de son fils malgré son divorce et sa sortie de l’hétérosexualité. Réalisé par Anna Cazenave Cambet qui avait émoustillé la commu lesbocinéphile avec le réjouissant court Gabber Lover, une rencontre amoureuse entre des bb gouines à mobylette.

Synopsis officiel : Une fin d’été, Clémence annonce à son ex-mari qu’elle a des histoires d’amour avec des femmes. Sa vie bascule lorsqu’il lui retire la garde de son fils. Clémence va devoir lutter pour rester mère, femme, libre.
Avec : Vicky Krieps, Antoine Reinartz, Monia Chokri, Aurélia Petit, Park Ji-Min, Malou Khebizi, Clotilde Courau ??? 2h14
5. Vie Privée, Rebecca Zlotowski. Hors compétition.
La plus lesbienne et brillante des réalisatrices hétéros françaises a décidé de filmer la plus iconique actrice lesbienne d’Hollywood qui nous a longtemps caché sa vie privée, titre du film et de notre section préférée des pages Wikipédia de célébrités. Dans cette enquête – screwball comedy, Jodie Foster sera semble-t-il malheureusement en couple avec Daniel Auteuil, mais j’ai grande foi en Rebecca : à tous les coups elle nous a tissé un délicieux sous-texte lesbien qu’on se fera une joie de décrypter.

Synopsis officiel : Lilian Steiner est une psychiatre reconnue. Quand elle apprend la mort de l’une de ses patientes, elle se persuade qu’il s’agit d’un meurtre. Troublée, elle décide de mener son enquête.
Avec : Jodie Foster ! Daniel Auteuil, Virginie Efira, Mathieu Amalric, Luàna Bajrami, Aurore Clément, Irène Jacob, Park Ji-Min. 1h45. Sortie le 26 novembre 2025.
6. Honey Don’t!, Ethan Coen. Séance de minuit.
Après Drive-Away Dolls, déjà avec Margaret Qualley, Honey Don’t! est le deuxième opus de la trilogie de films lesbiens de série B orchestrée par Ethan Coen et son épouse (lesbienne, leur mariage est « non traditionnel ») Tricia Cooke. Cette fois, Qualley incarnera Honey, une détective lesbienne qui doit enquêter sur une secte. Espérons qu’il déclenche autant de débats passionnés que le premier !
NB : Le 3e film de la trilogie s’appellera Go beavers.
Synopsis : À Bakersfield, en Californie, Honey O’Donahue, une détective privée habile et charismatique, enquête sur une église douteuse dirigée par un certain Dean. Au cours de son investigation, Honey croise la route d’une femme mystérieuse dont les intentions restent énigmatiques.
Avec : Margaret Qualley, Aubrey Plaza, Chris Evans, Billy Eichner… 1h30. Sortie le 3 septembre 2025.
7. Que ma volonté soit faite, Julia Kowalski. Quinzaine des cinéastes.
Vu le synopsis et le court métrage précédent de la réalisatrice (J’ai vu le visage du diable, 2023), il y a fort à parier que ce film soit a minima crypto-queer, voire mieux : une grande œuvre plus ou moins métaphorique sur le désir lesbien et sa puissance révolutionnaire.
Synopsis officiel : La jeune Nawojka, qui vit avec son père et ses frères dans la ferme familiale, cache un terrible secret : un pouvoir monstrueux, qu’elle pense avoir hérité de sa mère, s’éveille chaque fois qu’elle éprouve du désir. Lorsque Sandra, une femme libre et sulfureuse, revient au village, ses pouvoirs se manifestent sans qu’elle ne puisse plus rien contrôler.
Avec : Maria Wróbel, Roxane Mesquida, Wojciech Skibiński, Jean-Baptiste Durand…
1h35
8. Fuori, Mario Martone. Compétition officielle.
Un biopic de l’autrice italienne bisexuelle Goliarda Sapienza avec Valeria Golino (la maman d’Héloïse dans Portrait de la jeune fille en feu) ? Sur le papier, nous y sommes plutôt favorables. Voici les premières images.
Synopsis : Rome. Années 80. Goliarda Sapienza travaille depuis 10 ans sur ce qui sera son chef-d’œuvre, L’Art de la joie. Mais son manuscrit est rejeté par toutes les maisons d’édition. Désespérée, Sapienza commet un vol qui lui coûte sa réputation et sa position sociale. Incarcérée dans la plus grande prison pour femmes d’Italie, elle va y rencontrer voleuses, junkies, prostituées mais aussi des politiques. Après sa libération, elle continue à rencontrer ces femmes et développe avec l’une d’entre elle une relation qui lui redonnera le désir de vivre et d’écrire.
Avec : Valeria Golino, Matilda de Angelis, Elodie, Corrado Fortuna… 1h55.
9. La Ola, Sebastián Lelio. Cannes Première.
Le réalisateur chilien du film lesbien Désobéissance (avec Rachel Weisz et Rachel McAdams) et du film trans Une Femme fantastique (avec Daniela Vega) propose une comédie musicale sur le mouvement #MeToo dans une fac… Pas d’infos sur le degré exact de lesbianisme du film mais nous surveillons.

Synopsis : Julia, étudiante en musique, s’engage dans le mouvement féministe de 2018 dans son université au Chili. Le groupe de femmes attire ensemble l’attention sur le harcèlement et les mauvais traitements généralisés dont souffrent nombre de leurs camarades étudiantes. Au milieu des manifestations, Julia danse et chante avec ses amies. Lorsqu’elle trouve le courage de raconter son histoire, elle devient de manière inattendue une figure centrale du mouvement.
Avec : Daniela Lopez, Avril Aurora, Lola Bravo… 2h09.
10. Sorry Baby, Eva Victor. Quinzaine des cinéastes.
Læ réalisateur·ice et comédien·ne queer Eva Victor s’est fait connaître des internets lesbiens en 2020 grâce à cette parodie en quarantaine de Portrait de la jeune fille en feu. Cinq ans plus tard, Eva Victor aborde un sujet difficile (le traumatisme après une agression sexuelle) sous l’angle de la comédie tendre à la Frances Ha. Le personnage de la meilleure amie de l’héroïne, jouée par Naomi Ackie, est lesbienne.
Synopsis : Quelque chose est arrivé à Agnès. Tandis que le monde avance sans elle, son amitié avec Lydie demeure un refuge précieux. Entre rires et silences, leur lien indéfectible lui permet d’entrevoir ce qui vient après.

Avec : Eva Victor, Naomi Ackie, Lucas Hedges, John Carroll Lynch, Kelly McCormack… 1h43.