Si ça n’avait tenu qu’à moi, il y aurait eu un Prix Gouincourt cette année et on l’aurait remis à ce livre. C’est un livre oblique, ni roman ni essai ni autobiographie. Ça donne envie d’acheter des photos d’inconnues en brocante et de déclarer ses amies au temple comme on déclare ses enfants à la mairie.
Ça parle de quotidienneté queer et de parentés dépareillées, de l’amie lesbienne des parents et d’un grand dîner présidé par Audre Lorde et Monique Wittig. L’écriture est délicieuse, tendre et simple comme un câlin d’amie.
On croise Saint Just, Susanna de Casa Susanna, Susan Sontag, Donna Gottschalk, Cleews Vellay d’Act Up, Joan Nestle des archives lesbiennes, Roland Barthes aussi (pourquoi les lesbiennes aiment-elles autant Roland Barthes ?)
Que nous coûte la cruauté de l’euphémisme « la bonne amie » pour parler de sa meuf ? Faut-il se marier avec ses potes ? Pourquoi on ne construirait pas une maison d’amies plutôt qu’une maison de famille ? Finalement, qui sont « les nôtres » ? Le grand oncle qui ne m’a jamais parlé ou cette femme sur la photo d’un bar lesbien ?
Bref, c’est très beau et très important.
Un désir démesuré d’amitié, Hélène Giannecchini
Editions du Seuil, coll. « Librairie du XXIe siècle », paru le 30 août 2024
Bonus :
Hélène Giannecchini dans le Book Club, France Culture
Hélène Giannecchini dans la Vingtième heure, France Inter