#54 – déconfinement de la newsletter

In memoriam – Cara Delevingne & Ashley Benson

Même Megan Rapinoe fut attristée par la nouvelle : nous avons appris par voie de presse la semaine dernière la séparation des deux mannequins/actrices. Retour sur les meilleurs moments de leur relation :
– la rencontre (et le bisou) sur le tournage de Her Smell
– la pseudo-confirmation grâce à des emojis sushis sur Instagram
– quand, à l’US Open, elles étaient reloues pour le mec derrière qui devait ne rien voir du match.
– les matching tattoos
– et bien sûr : l’inoubliable sex bench


🔥🖼 Portrait Nation news 🖼🔥

L’une de mes plus grandes sources de joie ces derniers mois a été d’observer la mutation de Portrait de la jeune fille en feu, film d’auteur français, en phénomène pop culturel international. Non seulement il était (de loin) le film français le plus vu à l’étranger juste avant la fermeture des cinés pour cause de quarantaine mondiale, mais il a pris place dans le panthéon des films qui comptent dans l’Histoire. J’exagère pas, les preuves :

  • la quantité de fan art est phénoménale. J’ai tenté un recensement, en aucun cas exhaustif. Une rapide recherche Tumblr montre la quantité de travail artistique fourni par les fans.
     
  • un subreddit consacré au film est apparu (pour les plus jeunes et les moins geeks d’entre nous : Reddit est une sorte de forum géant où l’on se balade au gré des subreddits – sujets de discussions.) Assez inédit pour un film français.
     
  • il existe un quiz Buzzfeed pour savoir si l’on est plutôt une Marianne ou une Héloïse
     
  • Adèle Haenel est devenue une icône. Une icône féministe déjà : on floque sa photo sur des t-shirts et on brandit son nom sur des panneaux de manifs. Une icône tout court, aussi : les comptes Insta créés par des fans se multiplient. Et dans la grande tradition de l’humour de Twitter, elle a désormais ses threads : « Adèle Haenel as ». Mes préférés ? Adèle Haenel as a brosse à cheveux et Adèle Haenel as cats.
     
  • Un site recense les lieux de tournage de portrait de la jeune fille en feu, pour vos road trip estivaux.
     
  • Début avril, deux Américaines ont lancé un podcast consacré au film, Podcast of a lady on fire. Déjà, je crois que je n’avais jamais entendu de podcast consacré à UN SEUL film. Du tout. Mais alors un film français, on croit rêver. Dans le premier épisode, elles discutent des termes « womans » et « bathtube », racontent comment ces deux termes (inventés respectivement par Noémie Merlant et Adèle Haenel en interviews promotionnelles, normalement on dit women et bathtub) sont devenus des symboles parmi les fans, presque au même titre que p.28 et Vivaldi.
Instagram @podcastofaladyonfire

Comment des petites fautes d’anglais (ou des néologismes, ça dépend comment on voit les choses) ont pu prendre une telle importance ? Parce que la commu est « hungry for content » : on a faim de contenu. Tout devient symbole. Dans l’épisode 4, les deux présentatrices apprennent le français grâce à Aimée, éminente membre de la Portrait Nation et Sainte Patronne des traductions français > anglais. Son Tumblr : ladyonfire28.tumblr.com

  • Après une enquête de fond, nous sommes en mesure de l’affirmer : cette page Facebook Céline Sciamma n’est pas du tout gérée par notre Lesbian Lord. Mieux (ou pire) : elle-même ignore qui la gère. Qui est cette fan dévouée en pleine suractivité facebookienne ? Comment choisit-elle ses articles ? S’ennuie-t-elle en confinement ? Surtout : qui a encore la patience d’aller sur Facebook ? L’enquête continue.
     
  • Dans le jeu vidéo Animal Crossing, des fans recréent les deux héroïnes, et leur talent est assez spectaculaire., comme en témoigne ce superbe TikTok.

À lire

  • En ce début mai, la presse américaine s’est semble-t-il donnée le mot pour s’intéresser à nos bars. Nous avons pu lire un joli triptyque d’articles sur les bars lesbiens aux États-Unis : l’un se demande si les 16 bars lesbiens du pays (!) vont survivre au Covid-19. Celui-ci se penche sur le cas du Cubbyhole, un bar de New York évidemment menacé, mais ça donne envie d’y aller. Et le New York Times de faire le point sur les bars lesbiens dans les séries, avec ceux de Batwoman, de Vida et de The L Word (le Dana’s, évidemment). Avec l’avis de Kate Moennig.
  • Un mois après sa parution, je ne suis pas encore tout à fait remise du bonheur que m’a procuré la lecture de cet article sur les butchs et les studs dans le magazine du New York Times. Roxane Gay, Alison Bechdel, Lea Delaria, Jenny Shimizu entre autres figures apparaissent à la fois dans la vidéo et sur la photo de classe qui accompagnent ce long read.
+ de butchs dans le monde d’après, merci.
  • Butchs toujours : pendant le confinement, la DJ Barbara Butch a animé nos samedis soirs – à lire sur Libé.fr
  • Toujours sur Libé, un article un peu étonnant sur les bébés chanteuses-qu’on-entend-sur-France-Inter et qui “font pas mystère de leur sexualité” – euh en fait si, certaines personnes évoquées n’ont pas tout explicité mais bon. Sa lecture laisse un goût doux-amer, puisqu’il revient sur la vague de lesbophobie que s’est prise Hoshi après un bisou à la télé, mais malgré tout, la chanteuse Juliette nous explique qu’elle “aurai[t] adoré avoir 20 ans aujourd’hui.”
  •   Et puisqu’on est dans la musique, écoutez donc ce Pandémix de Léonie Pernet.

A regarder

  • Il y a quelques jours est sorti sur Netflix un mignon teen movie lesbien américain : The Half of it (Si tu savais en français). La réalisatrice, Alice Wu, nous avait déjà offert Saving Face il y a une quinzaine d’années. C’est comme l’histoire de Cyrano de Bergerac mais avec des lycéen·ne·s américain. Mignon.
  • Toujours sur Netflix : le documentaire A Secret love, produit par Ryan Murphy, raconte l’histoire de Terry et Pat, en couple depuis la fin des années 40. Terry a fait partie de l’équipe de baseball féminine qui a inspiré le film A League of their own.

Autant j’ai aimé découvrir leur histoire, autant la famille clairement homophobe m’a salement déprimée. Cet article pointe bien les lacunes du documentaire, réalisé par le fils de la nièce de Terry. Bref : moins de nièce-gentille-mais-reloue, plus d’archives de fêtes entre gays de Chicago.

  • En France aussi, nous avons nos documentaires historiques de femmes qui entretiennent des relations sapphiques : Où sont nos amoureuses – dispo gratuitement –  raconte l’histoire d’Emma et Thérèse qui se sont rencontrées dans les années 30. (spoiler : ce n’est pas une feel-good story) Queer Code a cartographié le parcours de Thérèse Pierre sur Constellations brisées. Et pour élargir l’angle : lire ce papier chez Komitid sur les lesbiennes sous le IIIe Reich, et pourquoi elles ne sont pas commémorées.
  • Réalisatrices, vous avez jusqu’à demain pour soumettre votre film au festival Cineffable qui se tiendra du 29 octobre au 1er novembre prochain, si le monde ne s’effondre pas d’ici là.
  • Le clip maudit de Kompromat – De mon âme à ton âme, après avoir été censuré par les producteurs / ayant-droits de L’Enfer d’Henri Georges Clouzot, est finalement officiellement réapparu sur Youtube. L’inspiration infernale est maintenant clairement mentionnée.

Des raisons de garder la foi dans le monde d’après

  • L’adaptation en BD du fameux documentaire Coming in d’Elodie Font se précise : c’est pour 2021.
     
  • Hannah Gadsby, qui nous avait fait rire et pleurer avec son spectacle Nanette, revient avec Douglas – le 26 mai sur Netflix.
     
  • Netflix, toujours, va produire un film sur l’équipe de foot américaine génération 1999, celle qui a gagné la Coupe du Monde aux tirs au but et qui nous a offert cette célébration de Brandi Chastain :

Cet article qui réclame Céline Sciamma à la réal de ce film footballistique a tout à fait raison.

  • Le Champs Elysées Film Festival se tient en version numérique cette année et le film d’ouverture sera Jumbo, dans lequel Noémie Marianne Merlant tombe amoureuse d’un manège. Nous pourrons semble-t-il le voir gratuitement.
  • J’ai rarement attendu un livre avec autant d’impatience que celui d’Alice Coffin. “Quel en est le titre ?” Le Génie lesbien. Sa sortie serait prévue pour octobre 2020. (ça rime donc c’est vrai)
  • Pas de nouvelle, bonne nouvelle ? D’après mes (absences d’)information et malgré la crise, la date de sortie de Happiest Seasonn’a pas bougé, ce serait donc toujours pour fin 2020 / début 2021. Pour fêter ça, deux photos prises en marge du tournage : Kristen Stewart avec Mackenzie Davis d’un côté, et Kristen Stewart avec Aubrey Plaza de l’autre.

Allez, bisous ! ah ben non.


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