[RECAP] Split – épisode 1 & 2

Grâce à sa sélection à Séries Mania, nous avons pu voir en avant-première (en tous cas avant sa diffusion sur France TV Slash) les premiers épisodes de Split, la série lesbienne d’Iris Brey. La hype était déjà forte et s’est décuplée lorsque que Rebeka Warrior et Maud Geffray, responsables de la BO de Split, ont remporté le prix Séries Mania de la meilleure musique originale.

⚠️ ATTENTION SPOILERS ⚠️ Il est fortement déconseillé de lire ces recaps si vous n’avez pas vu les épisodes : le recap dévoile tout scène à scène, vous perdrez en surprise, mais c’est vous qui voyez. ⚠️ VOUS ÊTES PRÉVENU·E·S ⚠️

Épisode 1 – ex hétéro, etc.

L’héroïne nous est présentée par ses poignets accrochés à des sangles de yoga – enfin je crois – puis petit travelling qui descend, voilà la tête d’Anna (Alma Jodorowsky) et ses dessous de bras. Elle s’étire, elle est trop belle, elle se craque le cou, j’ai un genou qui flanche.

Son mec est joli aussi hein, mais ce couple ne va durer bien longtemps, déso Natan, nous le savons, nous ne sommes pas là pour l’hétérosexualité. Ce Tim 2.0 est interprété par Ralph Amoussou. On nous montre leur univers de couple avec des plans sur leurs affaires : des Polaroïds, des vieux numéros de Cahiers du cinéma avec Delphine Seyrig en une, des… couleurs en poudre ?!

Peut-être s’apprêtent-ils à faire de la pâte à sel

Leur bibliothèque a l’air assez bordélique puisqu’à côté d’un livre sur l’Histoire de la vie privée se trouve un petit dictionnaire français-anglais du BTP et oh, indice posé nonchalamment par-dessus : un clap de tournage avec le nom d’un film, LA VAMP. Natan en est le chef op. Nouvel indice : un recueil de lettres de Colette à Musidora intitulé Un bien grand amour (éd. de L’Herne, 222 pages, 2014) Elles étaient en effet très bonnes amies, paraît-il. Je l’ai : Musidora EST la vamp du film !! Ça doit être un remake ou un biopic ou genre Irma Vep, enfin j’en sais rien moi j’ai pas le time pour Assayas.

Notre couple moribond part pour le tournage dans un château de la Loire, et fun fact, hasard ou splendide sens du détail : il s’agit du Château de Hodebert, l’une des anciennes résidences de la dynastie des Goüin. LA DYNASTIE DES GOÜIN. Ce n’est pas une blague, ils ont une page Wikipédia et tout, grande famille bretonne de banquiers et d’industriels. J’apprends à la faveur de cette enquête qu’il existe une Villa Goüin dans le sud de la Sardaigne, je pose ça là si jamais une sugar mama a trop de sous et voudrait investir dans la pierre pour la commu.

Sur votre droite, l’ancienne résidence d’Alexandre-Pierre-François Goüin de La Grandière (1760-1832), directeur de la Banque Goüin.

Bref, retournons à notre fiction, ah yes le tournage au château, mise en abîme tout ça tout ça. Comme la série s’appelle Split, on nous donne du split screen à tour de bras et franchement ça ne me dérange pas, you go girl!

Anna s’étire encore, vêtue de la fameuse combigouine motif lune, et fait sa cascade – avec une vraie cascadeuse ! Double mise en abîme !

Deux twingouines portant la combigouine de Marine Serre

Puis Eve (Jehnny Beth) fait son entrée, split screen miroir des deux personnages, vêtues pareil et là direct on visualise l’écueil dans lequel pourrait tomber la série si elle était réalisé par un hsbc : l’actrice qui tombe amoureuse de son double, la ressemblance troublante, finalement être lesbienne c’est juste s’aimer soi-même et une expérience masturbatoire ?? Voyez tout ce discours psychanalytico-dégueulasse dont on essaie de se débarrasser encore aujourd’hui. Heureusement, la série n’est pas réalisée par un hsbc mais par Iris Brey, and spoiler : she knows better.

Face à face, Anna et Eve se présentent, se regardent, se mangent gentiment des yeux et CRAC Anna craque son cou. C’est peut-être son move séduction, original ma foi.

kink ostéopathique

La scène est assez mignon-gênante, mignonante, toutes deux en mode clueless sapphics qui se rencontrent et se plaisent 🧍🏻‍♀️🧍🏻‍♀️ bras ballants et rire du nez. Je suis gênée mais je me sens représentée. Antonia Buresi fait son entrée en râlant, hiii j’adore cette actrice, c’est la costumière dans l’histoire. Un scénario posé là nous rappelle le titre du film : LA VAMP, et le nom de la réal : “Olivia Audry” ce qui est un nom rigolo car il existe un vieux film lesbien intitulé Olivia réalisé par Jacqueline Audry.

Eve doit tourner une scène d’agression sexuelle, ça lui fait un flashback, c’est assez douloureux à regarder. Anna prend sa place. La scène suivante offre un peu de comic relief, Anna soigne ses blessures de cascadeuse mais elle fait n’importe quoi, se cogne, fait tomber son sac de glace, et c’est encore pire quand Eve lui propose son aide. Celle-ci s’émerveille devant la beauté d’un bleu sur la cuisse d’Anna, alors j’ai jamais tenté mais je suis pas sûre que ça soit la meilleure tactique de drague. « Wow magnifique la façon dont tes vaisseaux sanguins se sont rompus sous ta peau !! » Mais cela semble fonctionner sur Anna, dont la chaleur fait fondre tout le sac de glace qu’elle lui pose sur l’ecchymose.

Le bleu est une couleur si chaude que les glaçons fondent en deux secondes

Tout à coup, saisie d’une *GAY PANIC*, Anna bondit comme sur un ressort pour s’écarter d’Eve et de ses tatouages menaçants. Elle se jette sur un livre qu’elle adore mais qu’on ne verra pas tout de suite. Elles discutent du mot « autrice », Eve le trouve moche mais Anna l’adore car ça sonne comme impératrice. Le livre est dévoilé : c’est Thérèse et Isabelle de Violette Leduc. That is so gay!! Eve ne le lit pas par plaisir mais pour un futur seul-en-scène. Si je comprends bien, l’hétéro est fan d’une écrivaine lesbienne méconnue et maîtrise mieux la féminisation des mots à racine latine que la lesbienne. Anna, girl, assieds toi faut que je te parle

Elles se baladent dans le parc, Eve lui balance une histoire d’agression sexuelle de but en blanc, son collègue acteur est un agresseur. Puis on enchaîne avec un split screen très mim’s en mode Eve se déploie dans le cadre d’Anna avec ses grosses bagouzes. Heureusement que c’est Rebeka Warrior et Maud Geffray qui s’occupent de la bande originale de la série car moi, à cet instant-là, j’aurais balancé Joe Dassin – L’Equipe à Jojo.

🎵 ON ALLUMAIT UNE CIGARETTE ET TOUT S’ALLUMAIT 🎶

De retour à Paris, Natan et Anna écoutent la radio, ce n’est pas Marie Richeux ni Augustin Trapenard mais Iris Brey qui parle – un caméo radio ! mes préférés <3. Elle interviewe Eve, on apprend qu’elle est actrice mais aussi chanteuse (oh ! comme Jehnny Beth) et qu’elle a sorti un album intitulé Ce foutu S.A.I.N.T. Je suis perturbée par le fait que la réalisatrice du film fictif s’appelle désormais Olivia DELORME – peut-être s’est-elle mariée entre temps avec Wendy. Iris Trapenard essaie de lancer Eve sur son coming out mais elle esquive en balançant cette phrase : « aimer, c’est se sentir abandonnée à chaque instant. » OK Dark Yogi Tea.

L’intervieweuse s’en fout et décide de lancer une archive de Delphine Seyrig. Sa voix me fait mourir d’amour, elle dit que c’est aux choses d’avancer et qu’ensuite le cinéma avancera, je suis conquise. Eve fume des clopes la nuit dans Paris en bas de chez moi tandis qu’Anna fait un footing sur des escaliers près de la Seine.

Cut to une nouvelle journée. Gros plan sur la cup ensanglantée de la costumière. Entre ça et le mode d’emploi de cup dans The Last of Us, on avance bien en termes de représentations des protections menstruelles durables. Antonia rapporte à Anna qu’Eve lui a demandé si elle était célib. Petit sourire avant de déchanter, puisque cette langue bien pendue a parlé de son couple avec Natan.

!!! JUMPSCARE POUR MEC CIS !!!

Cut to: une boule à facettes. Nous sommes à une fête ! Paola (Pauline Chalamet) vient d’annoncer à Anna qu’elle est enceinte, elles papotent et je suis contente de voir qu’elle a des potes. Si je devais inventer mon Bechdel test, ce serait ça : la série passe le lesbien-raisonnable-test si la lesbienne/bi a des ami·e·s, je me fous de savoir si ces ami·e·s sont lesb ou straight, je veux juste qu’elle ait un entourage sans ambigounïté sexuelle ou amoureuse. Des potes quoi !! Autre chose qu’un couple. Et c’est pas si souvent. Bref, Paola lui demande comment ça se passe le tournage avec Eve Callac, et là Anna a une réaction tout à fait normale et saine et naturelle : ELLE. S’ARRACHE. LES CILS.

Mais ? Aïe ???

Pour bien finir la soirée, Anna envoie un message à Eve sans « Bonjour » ni « Re ». This is so rude mais ça n’a pas l’air de perturber Eve qui répond positivement quand même. Ça me semble bien parti cette histoire, d’autant qu’une magnifique chenille bleue à pics vient d’élire domicile sur la cuisse d’Anna. Merveilleux, c’est sa fairy gouinemother 🧚‍♂️✨ !

split screen chenille sur cuisse message d'Anna à Eve
J’espère qu’il ne s’agit pas d’une de ces chenilles processionaires qui donnent de l’urticaire.

Le lendemain, elles se rejoignent à l’endroit suggéré soi-disant magnifique, et c’est juste un lac ! On voit que la série a été écrite par un signe d’eau, Scorpion ou Poissons ou Cancer. OK bon plouf-plouf, oula ça glisse, wah c’est beau et AAAHHH un poisson frôle Anna. Tous les animaux sont attirés par elle ! C’est Blanche-Neige ! Eve aussi visiblement car elle lui demande si elle peut l’embrasser.

Et là CUT ! FIN ! GÉNÉRIQUE ! Le bisou est laissé en suspens, on ne verra rien, ou peut-être dans le prochain épisode ?

En résumé :

Scènes de sexe lesbien : 0
Bisous lesbiens : presque 1
Delphine Seyrig : 2
Caméo : vocal
Cigarettes fumées : 98
Animaux : 2
Plans d’eau : 5
Meilleure réplique : “tu veux traverser ?”


Épisode 2 – lingua franca

Face aux trois premiers épisodes gracieusement mis en ligne par SériesMania, une partie de moi s’était dit bon, t’en regardes un puis tu te gardes les autres pour demain hein, modération & parcimonie, ça se savoure etc. Mais au premier cliffhanger, j’ai su que ce serait comme les Pringles : impossible de n’en manger qu’un seul. Sans aucune volonté, je me jetai sur l’épisode 2 telle la vérole sur le bas clergé breton.

On est au ciné avec Eve et Anna et elles sont littéralement en train de se lécher le visage. Pas une galoche un peu virulente, non non, des vrais coups de langue qui débordent. Au moins ça nous change ! On m’a expliqué, je cite : ça fait ça la passion parfois, on s’emballe. En même temps que cette toilette de chat, elles regardent un film de Germaine Dulac et s’ensuit un moment lesbien sexy plutôt très réussi.

Cette scène vous est présentée sous la haut matronage de Germaine Dulac et Barbara Hammer

Les lumières se rallument sans crier gare et on découvre qu’elles n’étaient pas toutes seules dans le ciné ! Je le croyais car elles se sont mises tout devant, ce qui pour des raisons pratiques n’est pas forcément le meilleur choix quand on a l’intention de bz. Ce qui devait arriver arriva : une fan vient remercier Eve en plein brouillard post-orgasme pour son album. Ma question est : comment diable l’a-t-elle reconnue dans le noir du ciné ? La suivait-elle depuis un moment ? Va-t-on mieux connaître cette fan stalkeuse qui porte le fameux t-shirt We should all be lesbians plus tard dans la série ?

“euh je sais plus trop comment je m’appelle là tout de suite mais merci I guess?”

A peine remises de nos émotions qu’on est plongées dans un dialogue hétérosexuel : son mec lui commande à manger mais Anna s’en fout, elle regarde les Vampires sur son iPad, un film avec Musidora (probablement le film qu’elles sont en train de remake) tout en googlant sa crush.

Oh no! Eve a une meuf, ou en tout cas une ex, et en plus celle-ci a l’enveloppe corporelle d’Ariane Geffard

Du coup, Anna part imiter Loïe Fuller dans Paris la nuit. De Loïe Fuller, on connaît surtout la danse serpentine, mais c’était avant tout une giga goudou : elle a vécu pendant plus de 20 ans avec Gab Sorère, une butch qui était juste fan d’elle à la base, elles ont fait des films ensemble et tout, bref fin du moment Gouinopédia, je suis contente de la voir.

A chacun·e sa façon de gérer les bouleversements amoureux

A force de penser aux Vampires, Anna a soif de sang et c’est donc tout naturellement qu’elle se retrouve avec Paola à siroter un jus de tomate, ou peut-être un bloody mary. En tous cas elle spill the tea sur son adultère et la serveuse écoute toute leur conversation.

“et du coup la polaire Quechua est inclue gratuitement dans le pack sortie de l’hétérosexualité ?”

De retour au château de Goüin, elle fait réciter à Eve son texte de Thérèse & Isabelle. Après quelques split screens herbacées et évocations florales sur fond de Violette Leduc, nous voici à : la scène de sexe lesbien n°2 🥳 L’écueil “clitoris et petites fleurs”, autrement dit quand deux femmes se mettent des pâquerettes dans les cheveux et se roulent dans l’herbe en riant afin d’évoquer métaphoriquement le sexe lesbien, est évité en beauté, ouf.

Les bagues en forme de tatou (l’animal) sont-elles une référence à t.A.T.u (le groupe) ou mon esprit malade va-t-il trop loin ?

Là nous sommes dans un lit, le consentement est clairement énoncé, les bagues en partie enlevées – c’est toujours mieux niveau hygiène – et se produit alors un moment lesbien comique et douloureux trop peu représenté sur nos écrans : le coup d’os du pubis dans le nez. It’s cute it’s funny it’s all lesbian comedy should be, j’adore je ris j’applaudis.

Fast forward, on est dans une rue en bas de chez moi avec des colleurses amies, elles collent une phrase pour Eve, c’est émouvant. Elles discutent en se soufflant des bulles dans la tête, c’est sympa, puis drama : Anna gaffe et parle de son mec. Eve s’en va bouder, elle ne veut pas retourner dans le placard !!

16-64 c’est une bière, pas une carrière (rien à voir mais j’avais envie de placer ce slogan contre la réforme des retraites)

Anna va au bar avec une pote colleuse et après avoir esquivé de justesse un harcèlement de mochus, écoute une leçon en deux parties intitulée « comment ne pas être une hétérocurieuse pénible & comment sortir de l’hétérosexualité in a nutshell ». Déjà, elle pourrait commencer par se commander une bière. La pote demande est-ce que t’es prête à en être ?? et Anna réfléchit fort.

Gouine ou pas gouine ? telle est la question. Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse… etc.

Au château de la gênance, ça va bof bof, bizarre l’ambiance. Tout le monde voit que quelque chose cloche entre Anna et Eve, qui est en train de se faire un masque. J’imagine que la langue d’Anna lui a tellement râpé le visage qu’elle doit maintenant se réhydrater la peau.

Merci à Split pour ce message de prévention dermatologique.

Anna appelle sa pote Paola jus de tomate qui lui parle maintenant de raviolis porc ciboulette. En vérifiant son calendrier, Anna se rend compte qu’elle est possiblement enceinte.

Mais quelle est cette appli de règles qui rentre ainsi dans le calendrier d’iPhone ?

Un test le confirme, elle est bien enceinte et fond en larmes. Pas ouf comme moment pour Anna mon pauvre chaton, vivement la suite 😞

En résumé :

Scènes de sexe lesbien : 2
Orgasmes : 2
Bisous lesbiens : a lot
Cigarettes fumées : 75
Plans d’eau : 2
Meilleure réplique : “l’amour est une invention épuisante” (Violette Leduc)