Quoi de gouin aux Rencontres d’Arles 2025 ?

Le grand festival de la photo de la jolie ville d’Arles propose cette année, une fois n’est pas coutume, un certain nombre d’expos relatives à nos intérêts lesbiens, bis, queer. Il aura lieu du 7 juillet au 5 octobre 2025 un peu partout dans la ville.

Nan Goldin, Syndrome de Stendhal

© Nan Goldin. Diane au bain, 2024.

L’artiste et activiste bisexuelle Nan Goldin a globalement révolutionné son art en photographiant à partir des années 70 ses potes et son propre monde, c’est-à-dire le Boston queer et ses drag-queens puis le Lower East Side fauché de New York. Elle propose cette année à Arles un diaporama qui passera en boucle à l’église Sainte-Blaise : une mise en regard de ses photos, portraits de proches et d’amant·e·s, avec des chefs-d’œuvres de l’art classique, de la Renaissance et du baroque. Les ami·e·s, qui n’ont jamais de nom de famille dans l’œuvre de Goldin, deviennent ici des figures mythologiques comme Orphée, Galatée ou Hermaphrodite. Le tout culminant avec une relecture du syndrome de Stendhal (c’est quand on s’évanouit tellement c’est beau.) Pour mieux la connaître avant d’y aller, rappelons que Nan Goldin était le sujet du sublime documentaire Toute la beauté et le sang versé (2023) de Laura Poitras.

📆 7 juillet – 5 octobre 2025
⏰ Séances toutes les 30 minutes à partir de 9h30
📍 Église Saint-Blaise, Arles (duh)

Carol Newhouse et Carmen Winant, Double

Carol Newhouse et Carmen Winant. Doubles expositions, 2024.

Carol Newhouse, photographe née en 1943, est l’une des cofondatrices de WomanShare, communauté lesbienne séparatiste de l’Oregon fondée dans les années 70. C’est grâce à elle que nous avons les archives photographiques des Country Lesbians*. Carmen Winant, artiste née en 1983, explore la possibilité de la réinvention radicale, de recommencer à zéro. Elle s’est rapprochée de Carol dans ce cadre et les deux femmes travaillent ensemble depuis sur divers projets artistiques et féministes. Pour ces Rencontres d’Arles, elles proposent un dialogue photographique : l’une utilisait une pellicule, la rembobinait, et l’envoyait à l’autre. Cette technique de la double exposition (ou surimpression) joue avec notre regard et questionne l’unicité de l’auteur, souvent masculin en photographie.

*exposées notamment à la galerie Shmorévaz à Paris fin 2024 et qu’on peut retrouver dans cette petite pastille sur france.tv

📆 7 juillet – 5 octobre 2025
📍 Croisière

Futurs ancestraux, scène contemporaine brésilienne

Mayara Ferrão. Le Mariage, extrait de L’Album inoubliable, 2024.

En utilisant des techniques comme le collage ou l’IA, les artistes Denilson Baniwa, Ventura Profana, Gê Viana, Mayara Ferrão, Yhuri Cruz et Igi Lọlá Ayedun recomposent des archives visuelles afin de critiquer le colonialisme et de créer des représentations nouvelles de la beauté, de l’affection et de la spiritualité. Iels questionnent ainsi les stéréotypes et l’histoire officielle du Brésil.

📆 7 juillet – 31 août 2025
📍 Eglise des Trinitaires

Berenice Abbott, Anna Fox et Karen Knorr, U.S. Route 1

Berenice Abbott. Restaurant en bord de route, New Jersey, 1954.

A l’été 1954, la photographe lesbienne Berenice Abbott prend la Route 1 des États-Unis (du Maine à la Floride, du Nord au Sud) pour photographier les gens, les paysages et les architectures. Elle veut donner à voir un échantillon représentatif de la vie américaine. Plus de 60 ans plus tard, Anna Fox et Karen Knorr suivent sa trace avec la même ambition : enquêter sur la place de la Route 1 et montrer les Etats-Unis tels qu’ils sont. Leurs photos montrent les conséquences de la première présidence de Trump : inégalités culturelles, sociales et environnementales, brutalité policière et recul des droits des femmes et des minorités sont au programme.

📆 7 juillet – 5 octobre 2025
📍 Palais de l’archevêché

Agnès Geoffray, Elles obliquent, elles obstinent, elles tempêtent

© Agnès Geoffray. L’Etendard / tout geste est renversement. 2024.

La photographe a étudié les archives de plusieurs « écoles de préservation », là où on plaçait les jeunes filles « déviantes » ou « inéducables » de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle, c’est-à-dire toutes celles qui dérogeaient aux normes sociales ou morales de leur genre. Les portraits fictionnels d’Agnès Geoffray montrent ces jeunes filles en rébellion, fugueuses, résistant à cette grande entreprise carcérale.

📆 7 juillet – 21 septembre 2025
📍 Commanderie Sainte-Luce

Lila Neutre, Danser sur les cendres (faire feu)

Lila Neutre. Edwin Xtravaganza (Latex Ball n°1), série Sculpter le soi – The Rest is Drag, 2015.

La photographe présente à Arles Twerk Nation et The Rest is drag, deux projets autour de deux danses, le twerk et le voguing. Initiées par des communautés racisées, queer et précarisées, elles racontent comment ces corps souvent marginalisés revendiquent par le mouvement visibilité et puissance.

📆 7 juillet – 5 octobre 2025
📍 Maison des peintres


Fluid·e·s, exposition collective

Affiche de l’exposition Fluid·e·s, Arles 2025

Dans le Off des Rencontres d’Arles, les photographes Mahé Elipe, Sandra Reinflet, Hannah Cauhépé et Gaëlle Matata font découvrir leur « regard résolument queer » à travers une proposition collective mêlant expo, projections, portfolios et conférence.

📆 Du 8 au 13 juillet
📍Espace Mistral
⏰ Projection le 11 juillet à l’Angerie

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